Le MUCEM, terrain de jeu pour photographe en herbe

S'il y a bien une réussite à retenir de MP2013 qui, je trouve, a apporté un nouveau souffle tant architectural que culturel à Marseille, c'est bien le MUCEM. J'adore cet endroit, je m'y sens bien et il me réconcilie avec cette ville. 

J'aime qu'il soit entouré de Notre Dame, du Pharo, du Fort Saint Nicolas et de la Major, comme s'il veillaient tous sur lui, le petit nouveau venu. D'ailleurs j'aime la façon dont ce bâtiment s'inscrit dans la ville et nous donne parfois l'impression qu'il a toujours été là. L'ouverture sur la Méditerranée n'est pas que dans le musée mais bien réelle, physique, et nous donne envie de prendre le large. 

Une fois à l'intérieur, je me laisse séduire par les jeux d'ombre offerts par l'enveloppe découpée du bâtiment. L'architecture de Ricciotti de béton, de verre et d'acier est magnifique. J'aime y flâner, m'y perdre, et m'offrir une pause sur un des transats de la terrasse. 

Puis j'emprunte le pont qui mène au Fort Saint Jean et nous donne au passage un peu le vertige. Il est comme une passerelle entre deux époques, deux ambiances, deux architectures diamétralement opposées mais qui se marient agréablement et en douceur. Deux endroits opposés qui n'en font désormais plus qu'un. L'ombre et la lumière, le passé et le présent, tout est là pour vous séduire. 

Cet endroit est de fait un paradis pour photographe, offrant à l'oeil une grande variété d'angles, de paysages, de motifs, de couleurs et de jeux visuels. Je m'amuse vraiment ici, je teste beaucoup de choses, notamment sur la lumière, et ne compte pas le nombre de fois où je déclenche mon appareil photo. 

Il me tarde de m'y promener à nouveau, appareil photo à la main, car je sais que je vais encore y découvrir de nouvelles choses et faire d'autres clichés. Il me tarde aussi d'y emmener ma fille et de la laisser s'approprier à sa manière et avec son regard d'enfant ce nouveau lieu qui est devenu pour moi un des plus beaux endroits de la ville.

Flagrant délit d'espionnage

Il y a des jours dans une vie de maman où on est pas très fière de soi. Où notre instinct de protection s'exprime au-delà de la raison et nous pousse à certains comportements insoupçonnés. Et bien aujourd'hui est un jour comme cela. Je ne suis pas très fière de moi. Il aura suffi d'une mine toute triste de ma fille, de son regard de détresse sur le pas de la porte de sa classe ce matin pour que moi la maman raisonnée et raisonnable dérape. Pas un gros dérapage, rien de grave en soi mais tellement inhabituel pour moi que ça ne me laisse pas indifférente. Aujourd'hui j'ai laissé mon plus bas instinct maternel s'exprimer, j'ai espionné ma fille... 

Ce matin pour la première fois, elle n'était pas motivée et a eu énormément de mal à quitter mes bras. Pas de pleurs, c'est pas son style, mais un regard profondément triste qui m'a serré le cœur. Je n'avais qu'une envie repartir avec elle sous le bras. Mais bon c'est le jeu, il faut être forte et montrer l'exemple. Mais une fois à l'extérieur, j'avais l'impression d'avoir laissé mon cœur dans cette classe. Alors une irrépressible envie m'est venue pour tenter de me rassurer et de pouvoir partir au travail le cœur un peu plus léger, l'envie à laquelle tous les parents ont eu envie de céder au moins une fois dans leur vie, espionner leurs enfants. Une idée facile à mettre en place pour moi ce matin puisque 1) je commence le boulot un peu plus tard aujourd'hui, et 2) c'est le jour de la première sortie scolaire pour ma puce, avec car et tout le toutim. A cet instant précis, je ne sais plus ce que veulent dire les mots "bon sens", et ne pense qu'à une chose la voir. Alors me voilà, cachée au coin de la rue, derrière une voiture garée, assez près pour voir mais pas assez pour être vu, pianotant sur mon portable histoire de me donner une contenance et de ne pas avoir trop l'air de quelqu'un de désespéré. Et là je me suis soudain rendu compte du ridicule de la situation, de mon propre ridicule. Non mais franchement qu'est-ce que je fous là ? Je me retrouve à jouer les agents spéciaux de pacotille tout ça pour quoi ? Bref je me suis sentie nulle. Au moment où j'allais me raisonner et arrêter ce plan de minable, j'entends la maîtresse dire aux élèves de sortir dans le calme. J’ai immédiatement jeté le ridicule aux oubliettes et ouvert grand mes yeux à la recherche de ma puce, prête à faire intervenir le GIGN en cas de larmes ou de cas flagrant de maltraitance. Et je l'ai finalement aperçu ma grande petite fille, donnant la main à un petit garçon, le sourire jusqu'aux oreilles, l'excitation dans la voix en voyant le car, ma fille comme je la connais heureuse pétillante et enthousiaste pour tout, bref ma fille mais dans un autre contexte, heureuse sans moi heureuse au milieu de ses camarades et de sa maîtresse. J'ai alors fait demi-tour et enfin repris le chemin de la maison, le cœur un peu plus léger, la honte un peu sur mes épaules, me promettant de toujours me rappeler de faire confiance à ma chérie et aux personnes qui s'occupent d'elle quand je ne suis pas là.
Maman espionne, j'ai testé. Ce costume ne me va pas, je n'ai pas vraiment la carrure ni l'ambition, mais l'enfiler une fois de temps en temps ça ne peut pas faire de mal...