"Grossesse es-tu là ?" pourrait être le titre d'un jeu que certaines femmes ont ou auront à affronter un jour dans leur vie. Les grossesses apprisent sur le tard sortent de l'ombre et font la part belle aux pages témoignages des magazines ou de certains reportages. On en parle plus, mais l'heure est encore aux clichés à ce sujet. J'ai encore entendu aujourd'hui, "il faut vraiment être une quiche pour de nos jours ne pas se rendre compte qu'on est enceinte???!!!". En entendant ces mots comme toujours, mon coeur se met à palpiter, mon cerveau à partir en vrille, et je ne peux m'empêcher de finalement exploser : Oui certaines femmes ne se rendent compte que tardivement qu'elles sont enceintes, certaines par étourderie, d'autres par manque d'informations, quelques-unes par déni, et certaines, comme moi-même, par un incroyable concours de circonstances. Oui la grossesse peut se jouer de vous, et j'en suis la preuve vivante.
Toutes les mamans se souviennent de cet instant unique où elles ont appris LA nouvelle, elles attendaient un enfant. Pour ma part, ça ne s'est pas passé dans ma salle de bains, au travers d'un test de grossesse, non j'avais besoin de plus de théatralité. J'ai appris que j'étais enceinte lors d'une échographie, qui se révéla par la suite être celle des 12 semaines...
Mon histoire débute à l'été 2009 où, chose exceptionnelle pour moi, je n'ai pas eu mes règles. A l'époque, j'étais pris par mille projets : nous venions de nous pacser, nous nous envolions pour un sublime voyage, et nous courions de toute part pour concrétiser l'achat de notre premier appartement, bref la vie était belle comme elle était, et j'étais suffisament occupée pour ne pas encore penser à un bébé. D'ailleurs, sur ce sujet je ne me sentais pas du tout prête, d'ailleurs je prenais toujours la pilule. Mais pas de panique, j'ai fait les chose dans le bon ordre : prise de sang et rendez-vous chez la gynéco. Résultat, une certitude je n'étais pas enceinte, et la faute à donc était mis sur le dos de ce bon vieux dérèglement hormonal, rien de grave en soi, à surveiller si cette situation dure...
L'été passe, la rentrée aussi, toujours rien. De toute façon, j'étais toujours overbookée, donc pas le temps de s'attarder sur ça, ça reviendra.
Fin octobre, je me sens patraque et fatiguée et me rends donc chez mon médecin de famille, à qui j'explique la situation. Il me demande de faire des tests, prises de sang et une écho. Le lundi suivant, 3 novembre, je me rends donc au laboratoire, qui me fait la fameuse prise de sang, test négatif, RAS circulez y'a rien à voir, pas de bébé à l'horizon. L'écho n'étant pas possible le jour même et je prends donc rendez-vous pour le lundi suivant. Le lundi arrive, et là au cours de l'examen, l'échographe voit une tache sur mes ovaires.
- "Vous êtes pas enceinte ?.
- " Non, j'ai d'ailleurs amené ma prise de sang."
L'échographe rumine, passe et repasse sur mon bas ventre et me balance "bon je pense que c'est vous avez un kyste, rien de grave mais prenrez tout de même rendez vous avec votre gynéco."
Je l'appelle immédiatement, toute inquiète, et elle me rassure : le type de kyste diagnostiqué n'est en aucun cas dangereux et s'en ira sûrement de lui-même une fois que mon souci d'hormones sera réglé. Je ne suis donc pas une urgence (ouf) et me donne rendez-vous fin janvier pourt faire le point.
Bizarrement durant le reste du mois, la fatigue persiste, pire elle s'aggrave. Je deviens en quelques semaines une loque. Le soir je rentre épuisée de mon travail, mange à peine, et file au lit à 20h30 dans l'espoir de me requinquer, le lendemain, c'est un supplice de me lever du lit, et finalement j'arrive à m'extirper sur les coups de 8h, aussi fatiguée que la veille, comme si j'enchaînais les nuits blanches. Et toujours pas de règles.
Fin novembre arrive un nouvel élément à charge, le dégoût de la nourriture. Je mange trois bouchées et stop je ne peux plus rien avaler, comme si mon estomac allait exploser après un repas gargantuesque digne de Noël. Oui mais voila, à ce rythme là, mon corps ne comprends plus rien, et la fatigue se fait d'autant plus sentir. Je mets ça sur le dos de la saison hivernale qui débute, qui a toujours tendance à me mettre ko et en mode hibernation. Je pense également au contre-coup du stress de tout l'épisode achat-démenagement dans notre nouvel appartement.
Début décembre, la situation dure et n'évolue pas. Je me dis que c'est pas possible, il y a quelque chose. Et si j'étais enceinte??? Je cours à la pharmacie acheter un test. Négatif. Bon ok c'est pas ça. J'en parle à mes amis, et on me rassure, me dit qu'ils sont dans le même état, qu'ils ont ou connaisse quelqu'un qui a les mêmes symptomes, que ça va passer, que ça ira mieux après quelques jours de vacances. D'ailleurs Noël arrive. Chéri et moi partons pour la Bretagne, dans ma belle-famille. Dans le train, je ne me sens vraiment pas bien, j'ai des nausées. Je finis par arriver dans un état lamentable, dort toute la journée, n'arrive à rien manger. Bref je suis une invitée de rêve. C'est l'hiver je pense gastro ou grippe intestinale. Mon beau-père lui est persuadé que je suis enceinte. Ca m'énerve, me mets hors de moi, "arrêtez avec ça, j'ai fait un test c'est pas ça". On me tanne, on me saoule, je finis par acheter un autre test histoire qu'on me foute la paix. Claire de Clearblue est sans appel : No, Niet, Nada. Affaire classée.
Janvier arrive, je croise les doigts pour que cette nouvelle année me redonne du peps et me sorte de mon état léthargique. Je plaisante de mon état avec mon entourage car je ne veux inquiéter personne, surtout pas ma mère. Mais au fond de moi le doute commence à s'installer, d'auatnt plus que je ressens régulièrement de fortes douleurs dans le bas ventre. Ne serait-ce pas ce kyste qui me mets dans tous mes états ? Est-il vraiment bénin? Ne serait-il pas annonciateur d'une maladie beaucoup plus grave? Je surfe sur le net. Erreur ultime, car je prends peur, et après 2 heures sur la toile je me retrouve avec un éventail de maladies possibles et plus graves les unes que les autres. Je commence à penser au pire, deviens limite hypocondriaque. Pourtant je garde tout pour moi, pas envie de transmettre mes angoisses, et je n'ai plus qu'une aobsession, le rendez-vous du 25 janvier avec ma gynéco. Elle seule pourra me donner un verdict.
La nuit du 24 fut horrible. Je n'arrive pas à dormir, je suis persuadée que le lendemain marquera la fin de mon insouciance, je serai officiellement atteinte d'une maladie grave, je n'arrive pas à me raisonner, je rumine : Nuit blanche.
Lundi 25 janvier, 9h. Je suis dans le bureau de ma gynéco, mon dossier médical sous le bras. Je lui réexplique l'historique de mes symptomes, l'absence de mes règles, la fatigue, mes douleurs dans le bas ventre, les tests de grossesse négatifs, le kyste.
Elle me dit : "Ah oui quand même ça commence à devenir inquiétant."
Moi dans ma tête : "Oh putain, je suis condamnée!!!".
"On va faire une écho pour voir ce qu'il en est, et comment votre kyste à évoluer".
Je m'allonge sur la table, mon coeur s'arrête de battre. Je ferme les yeux, respire profondément et essaie de me détendre. Soudain à peine a-t-elle posé l'appareil sur mon ventre que je l'entends dire "Ah je vois". En moi-même je me dis "oh putain si elle voit immédiatment ce qui cloche c'est que ça doit être énorme, je dois avoir des métastases partout. Au secours, je vais mourir".
- "Vous êtes enceinte".
- "Quoi???!!!"
- "Vous êtes enceinte".
A cet instant, j'ai le souffle coupé, je tourne ma tête vers l'écran et je vois une forme qui ressemble à un bébé en train de s'agiter et de bouger les bras et les jambes dans tous les sens, comme pour me dire "Houhou je suis là!!!". Mon cerveau n'arrive plus à réfléchir, comme si un fusible avait pété et que j'étais en mode sécurité. Je ne comprends tellement rien que je me demande même si c'est bien les images de mon ventre qui sont à l'écran, si le câble est bien relié et si ma gynéco a pensé à enlever les images de l'écho précédente qu'elle avait dû fait à une femme réellement enceinte. Tout se bouscule dans ma tête, et soudain je sens une vague m'envahir, tous les sentiments se confondent en moi en une seconde : la surprise, le bonheur, l'inquiétude. Les vannes sont ouvertes, je fonds littéralement en larmes. Mille et une questions m'assaillent que je pose dans la foulée à ma gynéco aussi émue que moi. "Quoi? Comment ? De combien (parce que là ça ressemble pas à un haricot mais à un vari bébé avec des bras des jambes et tout) ? Est-ce qu'il va bien, parce que j'ai pas fait attention à lui ? (je suis à peine une future mère que je culpabilise déjà). C'est pour quand ?" Je pleure, je ris, je ne sais plus où j'en suis. L'instant est fort, unique, ma gynéco assiste à tout cela les larmes aux yeux "C'est magniqfique qu'après 20 ans de carrière, je vive encore des moments inédits et aussi beaux." Elle m'accompagne et me tient la main dans tout ce marasme d'émotions. Je ne sais pas, je ne sais plus, je ne comprends plus, et au fond est-ce si grave? Il y a 2 secondes je pensais être condamnée, et je me rettrouve avec un cadeau inespéré. Elle fait les mesures, bidouille son échographe : "Vous en êtes à 12 semaines, c'est pour début août, vous avez donc dû tomber enceinte début novembre." Attendez début novembre... Et soudain tout s'éclaire et tout le mystère se trouve résolu. Par un incroyable concours de circonstances et de dates, je suis tombée enceinte exactement entre ma prise de sang et mon échographie. A la prise de sang, le 3 novembre je n'étais pas encore enceinte, à l'échographie une semaine plus tard, je l'étais de quelques jours, d'où la tache sur l'écho, d'où mon kyste. L'absence de règles était elle dû réellement à un dérèglement hormonal. Et pour ce qui est des tests négatifs, je fais partie du 1% d'erreur (connasse de Claire), seule la prise de sang est sûre à 100% (je le saurai pour la prochaine fois). Et c'est ainsi que le 25 janvier 2010, j'ai appris l'arrivée prochaine dans notre vie de notre mini-nous surprise, notre fille...
Alors oui, notre corps, et la vie tout simplement peut nous jouer des tours. Oui la grossesse peut littéralement jouer à cache-cache avec nous, notre cerveau, et nos nerfs. La vie n'est faite que d'histoires particulières, la mienne en est une parmi tant d'autres. Alors oubliez s'il vous plaît le cliché universel que les femmes qui apprenent leur grossesse sur le tard sont des écervelées qui refusent l'évidence, et intéressez vous un peu aux histoires de chacunes... D'avance merci.