17 août 2011

Electrochoc




Hier matin ressemblait à tous les autres :



je me prépare / je réveille ma fille / je la prépare / je regarde l’heure « Merde j’suis à la bourre ! » / je speed / je nous enfourne dans la voiture / je mets la radio / j’écoute les infos / blablabla-crise-blablabla-politique-blablabla-2 jumeaux de 14 mois noyés « Oh mon Dieu, c’est terrible »-blablabla-foot-blablabla-musique / je me gare / je confie ma fille à ma mère / j’arrive à mon boulot / bisous / café / « Qu’est-ce que t’as fait ce week-end ? » / « C’était bien les vacances ??? »… et soudain un détail inhabituel me stoppe dans mon train-train rôdé de début de semaine, m’oblige à sortir de mon mode automatique. A l’instant où je l’aie vu j’ai délaissé ma panoplie de robot pour redevenir enfin humaine. Là devant moi apparaît ma collègue, mon binôme, mon amie, les yeux rougis, la gorge nouée et le désespoir transpirant de chaque parcelle de son visage. Bêtement, je n’arrive qu’à sortir un banal « Ca ne va pas ? ». En une fraction de seconde, je cherche les causes probables de son état, en commençant par ce qui me semblera au final bien futile, une querelle d’amoureux … ??? Je n’ai pas le temps d’aller plus loin dans mes spéculations qu’elle m’annonce « Tu sais ma cousine, que tu as rencontré à mon mariage, les deux petits jumeaux qui ont presque l’âge de Romane… » « Oui ?! » « Eh bien ils se sont noyés hier… ». « Oh mon Dieu, c’est terrible. Mais alors à la radio ce matin c’était d’eux qu’on parlait… ».



Soudain le fait divers devient réalité ou plutôt reprend sa place dans la réalité. On oublie trop souvent que derrière ces gros titres, ces faits, ces chiffres se cachent des personnes, des parents, des familles, des êtres lambdas sur qui la foudre vient de s’abattre, les mettant eux et leur douleur sous les feux des projecteurs. Et nous, pauvres spectateurs pris dans le tourbillon de l’info-zapping, désormais on ne traite plus l’info, on l’ingurgite, avides de toujours plus sensationnel, de toujours plus dramatique.



Il m’aura fallu cet électrochoc, cette proximité avec la peine de cette famille, pour apprendre ma leçon. Nul n’est à l’abri, ça n’arrive pas qu’aux autres, et bien orgueilleux seraient ceux qui s’aventureraient à donner des leçons. Au lieu de juger confortablement assis dans notre canapé, il serait bon d’apprendre à parfois ne savoir faire preuve que de compassion envers ceux qui souffrent déjà bien assez sans nos sarcasmes et nos belles leçons.


Hier matin ne ressemblait malheureusement pas à tous les autres... et l'après-midi, j'ai sauté sur l'occasion pour finir plus tôt et faire la seule chose qui m'occupait l'esprit depuis le matin-même, prendre ma fille dans les bras...


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