16 août 2012

La fin de l'innocence


Il y a quelques semaines je me demandais si je devais te prévenir, te dire la fragilité du bonheur, bonheur qui aujourd'hui a disparu de ton visage, de ton ventre.

Tu ravales tes larmes et essaies d'aller de l'avant mais je sais qu'au fond de toi tu cries à l'injustice, tu hurles ta rage d'avoir à vivre une telle épreuve. Le médecin a dit que parfois la nature était bien faite, qu'il y avait une anomalie chromosomique et que ton corps avait préféré tirer la sonnette d'alarme et mettre fin à ta grossesse. Etait-ce censé te réconforter ? Te dire que ce n'était pas ta faute ? Que c'est la vie ? Il t'a aussi dit que c'était assez banal, surtout pour une première grossesse, qu'une femme sur 3 aurait à vivre cela un jour... Tu n'es pas la seule, la belle affaire, mais en attendant ta douleur t'est bien propre et réelle, toi qui t'imaginais déjà avec ton gros bidon, toi qui était toute heureuse d'avoir des nausées, toi qui attendais ça depuis si longtemps. Tu as rêvé trop vite, trop haut, trop fort, mais n'en avais-tu pas le droit ? Aujourd'hui tu dois faire ton deuil de ce bonheur trop vite brisé, trouver les ressources au fond de toi pour rester positive, passer à autre chose. Tu es forte et bien entourée, le temps fera son oeuvre, et tu t'en remettras je le sais. Mais je sais aussi que ce jour a brisé quelque chose en toi. Comme tout traumatisme cela t'a enlevé ta part d'innocence. La prochaine fois que le test sera positif tu ne te sentiras plus aussi légère, tu ne t'envoleras plus aussi haut, tu ne rêveras plus aussi fort, car désormais ta joie sera  irrémédiablement accompagnée par la peur, peur qu'une nouvelle fois le bonheur te fasse faux bond.

Il y a quelques semaines, je me demandais si je devais te dire la fragilité du bonheur, aujourd'hui tu ne le sais que trop...
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6 commentaires:

  1. Bravo pour ces mots, ces sentiments. Bravo pour ce réconfort. Ton article m'a tiré les larmes. Pour avoir vécu ce que tu décris, je ne peux que te dire merci.
    Bountynette

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  2. Courage à ton amie ...
    Penses-tu finalement que tu aurais dû lui dire ? (pour ma part je pense que j'aurais eu peur de jouer les oiseaux de mauvais augure)
    Très joli billet en tout cas

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  3. ton message m'émeut....je ne serais que trop inviter ton amie à croire, à s'accrocher, à soigner la douleur pour mieux repartir....j'ai désormais deux loulous (un de 7 ans et une de 7 mois) qui sont la preuve que les désillusions et les "nature bien faite" passent, ne s'oublient pas mais permettent à une petite graine d'enfin prendre vie!
    Plein de bizzzoux, de temps et d'amour à ton amie!

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  4. ces souffrances nous construisent et nous font prendre conscience que donner la vie est un véritable miracle. il ne suffit pas de le décider pour avoir un enfant, c'est bien plus complexe que ça. et quand enfin ce jour arrive, quand enfin notre bébé est là, dans nos bras, alors on réalise peut-etre plus encore que les autres, ces 2 femmes sur 3 qui sont restées sur leur nuage 9 mois durant, la chance que l'on a d'être maman...;-)

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  5. magnifique ton billet qui me touche aussi! du courage à elle et du temps ..elle sera encore légère le jour ou elle tiendra son bb dans ses bras, bien sur d'une légèreté construite ...mais c'est déjà pas si mal ♥

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  6. Courage à ton amie, ce billet me touche beaucoup... Pensée.

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