Une histoire de baptême

Petite, j'ai longtemps cru que le baptême servait à donner un prénom à l'enfant, et que sans cette étape, dans ma tête obligatoire, on ne pouvait pas l'appeler, on se contentait de petits mots doux mais rien d'officiel. La tradition familiale voulait que les enfants soient baptisés dans leur premier mois de vie (j'ai été baptisée à 15 jours), en même temps cela me paraissait logique, il fallait se dépêcher pour ne pas les laisser trop longtemps sous le titre X. C'était très clair dans ma tête, je me suis fait ma petite explication perso, et n'avais jamais ressenti le besoin de partager mon questionnement à qui que ce soit. Ainsi à l'âge de 7 ans, le jour de ma communion, ainsi que celle de mes petits camarades, une des petits filles présentes a eu droit le même jour à son baptême et sa communion. Elle avait au moins 13 ans, et je fus plus que désolée pour elle, imaginant toutes ces années à être appelée "Machin" ou "Truc". J'étais profondément indignée envers ces parents qui avaient laissé cette pauvre enfant si longtemps sans identité. Mon désarroi se lisait sur mon visage, alors que tous les autres petits enfants souriaient pour les photos, moi je ne pouvais quitter des yeux cette "fille sans nom". Ma mère, alertée par ma triste mine, est venue voir les raisons de mon drame, et quand je lui ai dit ce qui me choquais dans cette histoire, je vous laisse imaginer son fou rire ainsi que de toutes les personnes une fois la rumeur de ma croyance répandue. 

Bref, cette anecdote reflète peut-être l’image que je me fais et faisais déjà à l'époque du baptême. Pour moi, il marque l'entrée officielle du bébé au monde, dans notre monde, dans notre cercle familial et amical. On lui présente des personnes de confiance, auxquelles nous tenons et avec qui nous espérons qu'il construira des liens forts, indéfectibles, au-delà des liens du sang, des personnes qu'il pourra appeler parrain et marraine,  avec qui il pourra partager des secrets, des peines, des valeurs, des personnes qui je l'espère feront toujours partie de sa vie, avec une petite place à part dans son coeur. Enfin le baptême permet d'officialiser d'une certaine manière notre famille, sa création, son agrandissement. Le baptême c'est la fête d'un enfant, notre enfant, et l'occasion pour nous de partager notre bonheur d'être ses parents avec nos proches. Vous l'aurez compris, ma définition du baptême n'est pas vraiment religieuse, elle est autre, je ne saurais pas y mettre un nom, mais cela reste quelque chose d'important, une étape, un jour à part. Ainsi pour celui de notre fille, nous avons choisi d'organiser un baptême civil, simple, sans étiquette. Une belle journée sous un soleil radieux où on s'est tous fait beau et donné rendez-vous pour célébrer une et une seule chose, notre fille. Nous étions très émus que tous soient venus partager ce doux moment. Cette journée nous l'avions vraiment prise à coeur et nous étions vraiment impliquée dans sa préparation. La cérémonie fut simple, le maire formidable, nos invités tous présents et notre fille au top. A la fin de la cérémonie, la salle a applaudi, ma fille a jubilé, je pense qu'elle a senti que tout cela aujourd'hui c'était pour elle, que c'était SA journée. S'en est suivi une fête simple, sous les arbres, au son des cigales, souvent couvert par nos rires et nos grandes discussions, autour d'un bon buffet et de bulles de champagne. Cette belle journée a eu lieu il y a 1 an jour pour jour et j'en garde encore de merveilleux souvenirs et une forte émotion. Ironie de l'histoire, la semaine dernière, j'ai enfin pris le temps de mettre en page l'album photo de cette journée, et de relire les petits mots de nos invités. De l'amour et du bonheur, c'est ce que nous voulions partager ce jour-là, et je pense que c'est   tout ce qui l'en reste... 

Bref c'était il y a un an jour pour jour, le baptême de notre fille...